Deux extrêmes se rencontrent, une étincelle gelée apparaît [PV : Iroy]

H.R.P:

HRP :

Assise sur la neige blanche, cachée dans l’ombre de la ruelle, Iroy fixait le vide, perdue dans ses pensées. Elle avait du mal à se remettre de ce qu’elle venait de voir. Toute cette folie si oppressante, quel était le meilleur moyen de la faire disparaitre ? Devait-elle impérativement tuer celle qu’elle prenait pour coupable de toute cette histoire ? Cela paraissait être la meilleure solution. Mais comment ? Cela faisait si longtemps qu’elle ne l’avait pas vu…

Soudain, une étrange sensation serra son cœur. Brusquement arrachée à ses tourments, la demoiselle souleva sa tête lourde de questions et observa les alentours afin de détecter la source de cette sensation si désagréable. Devant elle, un homme. Il dégageait une aura désireuse de faire couler le sang. Elle le sentait. Elle le voyait. En observant plus attentivement l’étranger, elle tenta de lire en lui. Elle retrouva cet éternel papillon au noir passé. Son cocon n’était pas des plus pures. Iroy ferma les yeux et soupira. Elle ne devait pas oublier qui elle était. Quel était son but premier. Aussi avait-elle fait une promesse au roi, à l’instant. Elle se releva donc et balaya la neige de sur sa robe ténébreuse. Elle s’avança, faisant fondre la neige à chacun de ses pas. Arrivée à la hauteur de l’assassin, elle patienta.

Celui-ci l’avait remarquée. Qu’allait être sa réaction ? Lorsque leurs regards se croisèrent, la demoiselle fut quelque peu confuse. En voyant les traits du jeune homme, elle crut voir le visage d’une femme. Mais elle ne s’attarda pas plus longtemps sur ce fait. Personne ne peut choisir son apparence physique. Avait-elle choisi cet œil ?

Iroy ouvrit la bouche pour parler de sa voix douce et calme, comme le souffle d’une brise tiède, mais avant qu’elle ne puisse poser le moindre mot, des gardes s’interposèrent et, aussi méfient qu’à l’habitude, pointèrent leurs lances vers les deux individus en leur hurlant des ordres.

With the air, like I don’t care, baby, by the way…

Eh ?

Alors que la voix de l’inconnu attira l’attention d’Iroy au point où elle en oublia la présence des gardes, des tonnes de questions emplirent à nouveau le crâne de la demoiselle. Quelle était cette langue étrange ? Que voulait-il dire ? Essayait-il de prévenir Iroy de quelque chose ? Ou récitait-il plutôt une incantation ? Ce tournillons de questions sans réponses mêlés aux puissantes voix des gardes donnait des maux de têtes à la noiraude. Voulant y mettre fin, elle dégaina sèchement son compas et le planta lourdement dans le sol, clouant le bec aux gardes et attirant l’attention sur elle. Les paupières closes, elle laissa s’écouler quelques secondes avant de s’adresser aux gardes avec sérénité.

Ne vous ai-je pas fait une promesse ?

D-Dame Iroy !?

J’ai fait le serment d’aider ce royaume. Et croyez-moi, la violence et la panique n’aidera en rien l’atteinte de cette promesse.

Elle ouvrit les yeux et fixa les gardes avec froideur. Ces derniers mirent une seconde avant de reconnaître qui elle était et baissèrent leurs armes avant de s’incliner.

Nos excuses Dame Iroy ! Merci Dame Iroy !

Bien. Elle se tourna alors vers le jeune homme intriguant. Étranger, je sens en toi une aura ténébreuse. Sois avertis que je ne te laisserai pas assouvir ta soif de meurtre.

H.R.P:

HRP :

Les gardes s’éloignèrent respectueusement, emmenant avec eux leur esprit combatif, mais surtout, paniqué. Quelle horreur cela devait être de vivre dans un endroit pareil. Reportant son attention sur le jeune homme plus ténébreux que jamais, Iroy patienta, son arme toujours dégainée. Il faisait peur à voir. C’était comme si un feu de tous les diables le consumait peu à peu. La soif de vengeance. Voilà ce qu’était cet enfer brûlant coincé au plus profond de son cœur et son âme. Mais soudainement, il reprit son calme. Il fallait s’attendre à tout, avec lui. Elle resta donc sur ses gardes, malgré les douces, mais sinistres paroles de l’inconnu.

Hm… Demoiselle Iroy, votre lecture des auras est plutôt bonne mais… imparfaite quant à la lecture des intentions et des origines.

Silencieuse, elle l’observa prendre place sur une caisse à proximité. Elle ne daigna même pas lever les yeux vers ce qu’il pointa.

Mes meurtres ne puent pas la folie, ne vous y trompez pas.

Ses meurtres. Il était facile de deviner qu’il avait arraché la vie de plusieurs personnes, peut-être pas toutes véritablement innocentes. Iroy laissa s’écouler quelques grains de sable dans le sablier, profitant de la douce brise frigorifique. De ses paupières closes, elle soupira et se remémora ce qu’était très exactement la folie. Les images d’une jeune fille lui ressemblant parvinrent à son esprit, le film d’un endroit plus obscur que l’ombre elle-même défila devant elle. La peur, le désespoir, l’envie, la rage, toutes ces émotions remontèrent en elle. Que pouvait-il savoir de la folie ? L’avait-elle au moins déjà rencontré ? Posant une main sur son œil fissuré, la demoiselle ouvrit doucement son seul œil un minimum normal et fixa l’étoile que l’homme lui pointait.

Si vos meurtres ne puent pas la folie, alors…

Toujours de son unique œil, la noiraude posa un regard tant calme que vide sur l’inconnu.

Quelle est cette odeur qui émane de vous ? La vengeance ? Peut-être la peur ? À moins que ça ne soit la rage ? Sachez que tout ce que je sens en vous constitue la source de la folie. Dit-elle en reposant son regard sur l’étoile.

Lentement, elle souleva sa main gracieuse et referma son poing sur l’astre. Elle ouvrit finalement son œil fêlé dont l’iris se fondait parfaitement avec la couleur de la neige. Sa mirette noire encre brilla d’une douce lueur d’espoir alors qu’elle articula sa dernière phrase.

Mon but est de l’éradiquer…

H.R.P:

Vous sentez mal, ma jolie. Si j’empestais autant la folie, vous croyez vraiment que nous serions en train de piailler comme des oisillons ? A se demander qui de nous deux est vraiment cinglé.

… Ce gamin ne savait rien. Il était évident qu’il ne connaissait rien à la vérité qui gère ce monde. Devrait-elle lui dire ? Non. Cela ne l’amènerait nulle part. Iroy décida donc de le laisser patauger dans son propre mensonge, pour le peu que cela la dérangeait. Elle avait un but, et elle allait l’atteindre. Elle allait aider. Elle allait éradiquer cette personne qui amenait tant d’impureté sur ces âmes perdues.

Eh bien éradiquez celle di roi de Carreau, vous vous trompez de cible là, ma belle.

Kh !

Alors qu’un léger rictus de colère déforma son visage si calme, l’inconnu effectua un salto-arrière des plus gracieux, s’apparentant facilement aux mouvements d’un félin. Avec un regard glacial, la demoiselle l’observa prendre place sur le sol, pour une raison ou une autre, et l’écouta rire de « l’ignorance » de la noiraude.

L’apparence, seulement l’apparence compte ?

Non.

Ha. Tous des idiots qui ne cherchent pas à comprendre.

Cela suffit.

Vous ne valez pas mieux que les autres.

Cette fois, c’en était trop. Était-il en train de la mettre dans le même bateau que tous ces êtres malades ? Croyait-il être le roi du monde simplement parce qu’il était un moindrement malin ? Malgré sa haine, Iroy gardait la tête froide. Il serait idiot d’attaquer cet homme simplement pour défouler la colère qui bouillait en elle. Elle gardait en tête ce pourquoi elle était née. Éradiquer. À nouveau, la noiraude observa le cocon pourrit qui constituait l’âme de l’inconnu. Un cocon qui s’appelait meurtre. Un cocon qui enfermait ce doux papillon si gracieux, constituant le sérénité de son esprit. Iroy effectua un mouvement sec de son poignet afin de ramener son capas grand ouvert derrière elle. En garde. Elle s’avança doucement vers le jeune homme, faisant fondre la neige à chacun de ses pas et dégageant une onde de pureté. Car Iroy était une machine de sanité. Alors qu’elle s’approchait, elle analysait. Des murmures presque imperceptibles, bouchés par cette crasse qui recouvrait l’âme de l’homme, résonnèrent dans sa tête. Il faut dire qu’il était plutôt refermé, mais elle parvint tout de même à déchiffrer quelques informations que son œil captait. Une fois à sa hauteur, Iroy pointa la pointe de la lame de son compas droit sur l’homme.

Sache que je peux voir au-delà des apparences… Raven le crasseux. Je suis désolée pour ton... fils ? Non. Ton neveu. Et toi, dis-moi ? Saurais-tu dire la moindre chose me concernant ? Bien sûr que non. Car toi, comme tous les autres, ne vous fiez qu’aux apparences. Alors laisse-moi te révéler un secret. Un secret égalant toute les informations que j’ai sur toi.

Iroy haussa le ton, cherchant à se faire entendre de toutes les oreilles indiscrètes qui l’écoutait.

La folie porte un nom. Yori. C’est elle et seulement elle que je vise. C’est elle que je dois éradiquer. Car tel est mon devoir.

Elle marqua une pose, observant la réaction de l’assassin. À quoi pouvait-il bien penser ?

Mais aujourd’hui, une nouvelle quête m’a été imposée. Aider ce royaume et ses habitants. Et pour se faire je dois trouver une certaine relique.

Elle rengaina son compas, vide de toute animosité.

Peut-être accepterais-tu de m’aider à retrouver telle chose ?

H.R.P:

… Savez-vous ce que signifie le mot liberté ?

Juste entendre ce mot si inespéré, les oreilles d’Iroy dansèrent. Liberté, quel mot magnifique ! Un mot que la noiraude avait oublié pendant si longtemps. La liberté, elle savait parfaitement ce que c’était et elle était probablement la mieux placée en ce monde pour le savoir, mais aussi le comprendre. Et si Raven détournait la proposition qu’elle venait de lui faire par une autre question, il était plus qu’évident qu’il cherchait, d’une manière subtile, à refuser la dite proposition. Il tentait de lui faire comprendre qu’il préférait vivre au jour le jour et errer sans but en souillant le sol du sang de ses ennemis derrière lui. La demoiselle soupira longuement lorsque l’homme dégaina un chakram. Elle vit les gardes prendre peur et s’approcher en pointant leurs lances dans la direction de ce dernier mais Iroy leur fit signe de ne pas s’inquiéter. Après tout, s’il était désireux d’attaquer Iroy, il ne pouvait pas lui faire grand mal. Sans prendre la peine de se retourner, elle observa la chaleur de ses pieds faire fondre la neige.

Être libre, c’est le contraire d’être emprisonné. Après, la définition de chaque individu dépend du type de cage dans lequel il a été enfermé. En mon cas, je crois être bien placée pour savoir de quoi il s’agit, oui. Et vous, Raven ? Le savez-vous ? Dans quelle prison vous a-t-on enchaîné ?

Le refus assez catégorique de Raven amena Iroy à lâcher un soupir de déception. Pour une fois qu’elle demandait de l’aide à une personne capable et, qui plus est, la guérirait, on la rejetait comme le jour funeste ou on lui retira sa liberté en l’enferma dans la pire des prisons possible. Impassible, la demoiselle tourna sur-elle-même d’un coup sec pour faire face à l’homme avec qui elle discutait inutilement depuis trop longtemps et s’approcha de lui d’un pas décidé. Elle avait remarqué la peur des civils tremblants face à lui, l’hésitation de gardes déchirés entre le choix de neutraliser ou laisser faire le duo. Raven était source de ténèbres, il n’avait rien à faire ici. C’est donc pourquoi Iroy s’empara de lui d’un bras et bondit sur le toit d’une maison pour l’éloigner de ces pauvres âmes apeurées. Elle le tenait par la taille tout en empêchant ses bras de bouger. Et la poigne d’Iroy était si forte qu’il valait mieux abandonner l’idée de se débattre, bien que le tempérament de Raven semblait déjà lui avoir fait comprendre. Elle sauta ensuite sur un autre bâtiment… Puis un autre et encore un autre, jusqu’à en arriver à quelques mètres plus loin de l’entrée du royaume. Voilà déjà un problème de réglé. La jeune femme posa alors l’assassin dans la neige froide et molle et dégaina son compas pour le planter solennellement dans le sol avant de début un habituel discours des plus formel.

Raven le crasseux. Ta folie, contrôlée ou non, inspire une peur primitive aux habitants du Royaume de Carreau. Deux chemins s’offrent à toi : La voie de la liberté. Tu quittes cet endroit et n’y reviens pas avant d’être guérit de cette insanité qui pourrit ton âme que le sang de tes victimes a créé. La voie de la claustration. Tu restes prisonnier des chaînes que tu as toi-même forgé en continuant d’empiler le corps d’innocents dans la fausse que ta soif de vengeance à creusée. Dans tous les cas, si tu tentes de franchir à nouveau les portes de cet empire, sache que je t’y attendrai et t’intercepterai. Je ne peux tolérer que tu fauche la vie de ceux que j’ai choisi de protéger !

En disant cela, une lueur intense brillait dans le regard pourtant inexpressif d’Iroy. Comme si la flamme du dévouement brillait dans ses iris contraires. Il était clair qu’elle se dévouait cœur et âme pour protéger ceux qui faisaient battre son cœur inanimé.

Si tu tiens tant à m’empêcher de nuire, ma jolie, c’est qu’en me tuant que tu y parviendra. En m’éradiquant complètement. Cesses de te fourvoyer, la vengeance n’a rien à voir dans mes meurtres. Ils auraient décuplés sinon.

Intéressant. Il touchait son front bouillant sans jamais démontrer le moindre geste qui démontrerait sa douleur. Dans tous les cas, Raven le crasseux était un rancunier pour ne retenir que la version insultante des propos d’Iroy. Elle le traitait de fou, certes, mais avait-elle dit qu’il était le seul à l’être ? Malheureusement, ce monde en lui-même fut créé par la folie. Ce monde représentait l’ultime prison, la totale disparition de liberté.

Tu sembles avoir oublié que pouvoir et vouloir ne sont pas les mêmes verbes. J’ai dit que je ne pouvais pas. Et tant que j’y suis… Ce n’est pas de cette façon que tu arriveras à m’ôter ma folie ou ma noirceur.

Quel homme têtu !

En effet. Pouvoir et vouloir sont deux choses totalement différentes. Tu m’as dit que tu ne pouvais pas, je comprends que tu ne veux pas. Cela fait-il vraiment de nous des êtres différents ? Quoi qu’il en soit, j’ai bien entendu ton refus et je ne cherche plus à obtenir ton soutien, sois sans crainte.

Elle marqua une pause et ferma les yeux. Ses mains se serrèrent d’avantage sur le manche de son arme.

Tu ne sembles pas comprendre. Mon but en ce moment n’est plus de soigner ta folie, mais de l’éloigner des esprits purs et innocents toujours prisonniers de ce Royaume. Je me dois de les protéger le temps de trouver une cure pour bannir à jamais toute la noirceur de ce monde. Ta noirceur, en revanche, agit comme des ronces sur un jardin de douces fleurs sauvages. Il est donc de mon devoir d’agir face à la menace que tu représentes. Et si tu résiste et persiste à revenir dans ce jardin que j’ai juré de prendre soin, je n’hésiterai pas à me servir de mes ciseaux, Raven le crasseux.

Elle termina sa phrase en dirigeant la pointe de son compas vers le jeune homme, en espérant du fond du cœur qu’il accepte son jugement.