Iroy || The darkest crow

Iroy est une ombre se déplacent silencieusement dans les ténèbres de la nuit. Personne ne sait exactement de quoi elle à l’air. Seuls de rares malheureux ayant eu la malchance de croiser son chemin peuvent vous la décrire. Ils commenceront par vous parler de son œil droit. Un iris éteint n’affichant aucune couleur. Si elle n’était pas entourée d’un anneau noir, on n’y verrait rien d’autre que sa pupille. Une pupille qui n’absorbe plus la lumière depuis longtemps. Le plus marquant avec cet œil, c’est qu’il est fissuré. Même si ses mèches d’un noir de jais la dissimule légèrement, la craquelure démarre de son front et descend jusqu’au menton. Son oeil gauche est d'un noir d'ébène, celui-ci filtrant la lumière. Ce qui la rend borgne. De quoi vous faire dresser les cheveux sur la tête dès le premier regard ! Aussi trimbale-t-elle un compas de combat des plus menaçants. De la taille d’une épée normale lorsque fermé et rengainé, il est d’une pureté presque lugubre. Ses ornements plus foncés semblent être écris d’une langue antique jamais encore déchiffrée.

Blême, silencieuse, affichant un visage complètement blasé en permanence, il est facile de la confondre à un fantôme. Un esprit errant sans but précis. En réalité, c’est tout le contraire. Cependant, ses objectifs ne vous concernent pas. Ce que personne n'a encore noté, c'est qu'un fantôme n'a pas de température corporelle. Or, Iroy est tout simplement bouillante. Le simple fait de la frôler donne l'impression de paresser sous un soleil d'été. Automatiquement, cela donne un air plus chaleureux à sa personne. Toujours vêtue d’impressionnantes robes noires, Iroy marche toutefois pieds nus. Elle n’en est que plus discrète. Aussi gracieuse et agile puisse-t-elle être, son passé étant ce qu’il est, la jeune femme eut tout le temps d’apprendre à manier le compas qui lui sert d’arme. Avec cet outil gigantesque entre les mains, elle est dévastatrice. Malheureusement, sans lui, elle n’est rien. Quoi qu’il en soit, Iroy reste un sujet méconnu des autres. Tabou, chez certain villages effrayés d’y voir une telle entité. Quel dommage…

Tout le monde se trompe sur son compte.

Iroy est méconnue, car elle voyage sans cesse. Les autres disent d’elle qu’elle est froide et dépourvue d’émotions. Un être noir qui détruit tout ce qui se dresse sur son chemin. Une bête sanguinaire qui ne cherche que le goût du sang. Le genre de personne que vous ne voulez pas rencontrer, au prix de vous voir transpercer de la pointe de son compas.

Cependant. Tout le monde se trompe sur son compte.

Il est vrai qu’Iroy semble presque démoniaque lorsque vue pour la première fois, mais, prendre le temps de mieux faire sa connaissance, ignorant le fait qu’elle ait une apparence tout droit sortie des films d’horreur, on retrouve en elle non pas un morceau de glace froid et dépourvu d’émotions, mais bien un cœur chaleureux éprouvant un océan de sentiments différents. Elle a peut-être l’apparence d’un être noir qui détruit tout ce qui se dresse sur son chemin, mais au fond, ce n’est qu’une impression d’intimidation. Au final, elle ne ferait pas de mal à une mouche ! Sauf si cette mouche décide de l’attaquer férocement. Dans tous les cas, elle tenterait de résonner l’adversaire jusqu’à ne plus avoir le choix avant de porter la moindre attaque. Une bête sanguinaire qui ne cherche que le goût du sang… Peut-être. Qui sait ?

Iroy n’est pas très bavarde. Mais si quelqu’un trouve la gentillesse de lui adresser la parole sans trembler de peur, elle lui répondra avec toute la chaleur du monde. Souriante, douce, pleine de vie, Iroy est rayonnante. Malgré le fait qu’une période de sa vie ait gravé sur son visage une expression littéralement morte sur son visage, lorsqu’elle est accompagnée, Iroy semble méconnaissable. En gros, elle est comme une chenille dans son cocon. Une ignoble couche peu attirante la recouvre, mais à l’intérieur de celle-ci, un magnifique papillon attend de découvrir le monde.

Un silence de mort régnait sur le royaume de carreau. Ignorant la douleur du froid mordant qui brûlait ses pieds, avançant doucement sur la neige immaculée, Iroy utilisait son bras comme d’une visière pour se protéger les yeux des centaines de flocons soufflant ardemment sur son visage. Elle avait de la difficulté à voir parmi toute cette poudreuse si blanche. Le seul son audible fut le sifflement du vent glacial qui s’abattait sur le pays. Les portes de cet endroit givré finirent par apparaître devant elle. Des portes immenses colorées de noir se démarquant du paysage, tout comme Iroy. Un malaise vint compresser l’estomac de la jeune femme, intimidée. Les rumeurs qu’elle avait entendues au royaume de trèfle étaient donc vraies.

En un grincement tonitruant et peu réconfortant, les portes s’ouvrirent aussi lentement que lourdement. Lorsque la vue de la ville se trouvant derrière elles traversèrent finalement la pupille de son seul œil actif, Iroy ne put s’empêcher de sursauter. Calmement, elle pénétra à l’intérieur du domaine, écoutant se refermer les portes derrière elle. Elle s’arrêta un moment pour contempler le paysage. Oui, le royaume de trèfle disait bien vrai.

La folie dirigeait ce peuple. La famine et la maladie le rongeait. La peur y régnait. Des soldats se trouvaient aux quatre coins de l’endroit, armés et habillés d’une couleur différente de celle que les villageois portaient. Portaient tous. Le château, bien qu’à peine visible dans la tempête, semblait déjà immense vu de loin, difficile d’imaginer sa taille une fois rendu. Car oui, Iroy planifiait de se rendre au palais de carreau et d’y rencontrer le roi. Peut-être pourrait-elle agir, avant qu’il ne soit trop tard. Désireuse de comprendre ce qui régissait ce royaume, hâtive de vérifier sa théorie, l’ombre avança.

***

Que me vaut cette visite imprévue ?

Le roi Kaito avait un regard de tueur. Le sadisme. Qu’était-ce exactement ? Y aurait-il un lien avec cette maladie mentale et le château ? En effet, la bâtisse était terriblement lugubre. Encore plus intimidante que les portes du royaume. C’était un véritable calvaire, de s’incliner ainsi devant une personne aussi menaçante. Cependant, elle voulait savoir. Elle fixa longuement le monarque dans le blanc des yeux afin d’y déceler sa faiblesse.

Eh bien ?

Je suis venue aider.

Ce fut exactement ce qu’elle adressa aux gardes pour qu’ils la laissent entrer dans la salle du trône. Autrement, elle se faisait chasser. À ses mots, le roi afficha une expression exagérément irritée. Il la dévisageait avec une haine telle qu’elle déformait ses traits. Un frisson parcouru aussitôt le corps entier de la jeune femme. D’une voix nettement plus grave, la roi répéta.

Non. Je vous ai demandé ce que me vaut cette visite.

…

PARLEZ ! Je déteste qu’on me fasse perdre mon temps.

Je suis venue comprendre.

Comprendre quoi !?

Iroy se redressa.

Comprendre pourquoi avoir plongé votre royaume dans la souffrance de la guerre !

Kaito sembla changer de personnalité. Instantanément, un sourire radieux illumina son visage. Un doux ricanement s’échappa de sa gorge, obligeant la demoiselle à reculer d’un pas, cachant une main tremblante derrière son compas. Qu’était-ce donc que cette sensation ? Quelque chose envahissait la pièce, et ce quelque chose était puissant et lourd. La folie ?

Une espionne du royaume de trèfle, mh ? Pourquoi devrais-je vous répondre ?

Iroy ravala difficilement sa salive et tenta de garder son calme. Le roi et elle se toisèrent du regard. Ça n’était pas le moment de défaillir. Elle était sur le point de comprendre. Un dernier effort, et la vérité frappera. Sous un ton parfaitement en contrôle qui la surprit elle-même, Iroy répondit.

Parce que je suis venue aider.

Le roi éclata d’un rire fort. Les gardes autours, influencés, se mirent à rire nerveusement. Seule Iroy ne s’amusait pas. Elle était déterminée. Au bout d’un moment, le roi répliqua, hurlant presque. Son regard était fou.

HA HA HA ! Aider ? Moi ? Mais voyons ! Je n’ai pas besoin d’aide ! Ai-je une tête qui a l’air d’avoir besoin d’aide !?

Cela dit, il dégaina son épée et la planta immédiatement dans le cœur d’un garde à proximité. Tous les autres se turent. Seul le rire complètement cinglé du roi résonnait maintenant dans la pièce. Le corps du pauvre homme s’effondra sur le sol, se vidant doucement de son sang. Kaito essyua sa lame avec son mouchoir en observant son travail en y prenant grand plaisir. Sans quitter des yeux le cadavre de l’innocent, il essuya une larme qui perlait sur le coin de son œil à force de rire et répondit d’une voix rauque :

Je fais la guerre au royaume de trèfle parce que j’aime ça. Voilà tout.

Ne sachant que dire, la jeune femme observait elle aussi le garde se noyer dans son sang d’un regard choqué. Elle venait de voir la mort emporter prématurément l’âme d’un homme. Oui. Les rumeurs qu’elle avait entendues au royaume de trèfle étaient bien fondées. Le roi avait définitivement sombré dans la folie. Cet œuvre ne pouvait venir que d’elle. Iroy n’avait plus rien à faire ici. Il était temps de partir. Lorsqu’elle tourna les talons, elle sentit la détresse des gardes autour et compris au même moment à quel point les habitants de ce royaume étaient confus. Tout était arrivé tellement vite…

Oh ? Vous nous quittez maintenant ? Et moi qui commençais tout juste à m’amuser…

Mon roi.

Mh ?

Je jure de revenir… Et cette fois, j’aiderai.

Et elle quitta le royaume, désormais certaine de son objectif.